jeudi 25 novembre 2010

L'art public montréalais, le grand oublié des chantiers !

Ce billet a été inspiré à la lecture ce matin d’un texte de Stéphane Baillargeon dans Le Devoir. J’ai été stupéfait d'y apprendre que la dernière oeuvre artistique monumental à couronner une place publique à Montréal remonte à 1967, soit celle de L’homme de Calder, plantée dans le Parc-Jean-Drapeau. Il y a 43 ans.

 L'Homme, Alexandre Calder (1967)


Après, il y a eu bien sûr la fontaine de Riopelle,  La Joute (1970), déplacée dans la controverse du parc Olympique à son emplacement actuel sur la Place de Jean-Paul-Riopelle, entre le Palais des congrès et l’édifice de la Caisse de dépôt et de placement (CDP).  Comme cette oeuvre a été déplacée sans jamais être remplacée au parc Olympique, le journaliste Stéphane Baillargeon souligne judicieusement qu'on ne peut la considérer comme neuve.  Après 1967 ou 1970, c'est le vide presque total. Mis à part quelques oeuvres de quartier comme Les Leçons singulières (I et II) de Michel Goulet à la place Roy et au parc Lafontaine, on n’a pu admirer rien d’autre d’emblématique que le Stade Olympique, dont le caractère monumental relève d’or plutôt que d’art dans l’imaginaire de beaucoup de contribuables montréalais ou des fumeurs québécois.

 Joute, Jean-Paul Riopelle (1970)

Pourtant, chaque voyageur que nous sommes savons que l’art public fait partie intégrante de nos souvenirs de vacances les plus durables et de l’image emblématique des lieux qu’on visite.  Les  grandes métropoles touristiques se différencient par les monuments et les oeuvres d’art public qui s’y trouvent et auxquels on s’identifie.

Désolé pour les artisans des nombreux festivals à Montréal, mais je pense qu’un festival restera sur le plan touristique toujours éphémère, tandis qu’une œuvre d’art public survivra à son créateur et aux contribuables qui l’ont financé. À l’évidence, la valeur relative dans le temps d’une œuvre d’art public est supérieure à un festival. Par conséquent, il m’apparaît clair que la place Jean-Paul-Riopelle ou la place des festivals sont des investissements publics davantage structurants. À cette dernière place publique créée à Montréal pour accueillir les festivals, nos représentants ont malheureusement oublié d'y prévoir une oeuvre permanente d'art public pour marquer davantage cet espace urbain dans notre subconscient. Pour l'instant, on s'y déplace que le temps d'un festival et le lieu devient presque sans signification le reste de l'année.

Une œuvre publique est aussi unique et sa durée dans le temps dépassera l’intérêt partisan de l’enveloppe brune. Le béton et la pierre sont malheureusement trop associés en ce moment aux intérêts financiers et politiques. L’artiste dont on paye l’œuvre aujourd’hui va tirer instantanément un bénéfice de son travail. Surtout, cet intérêt lui survivra et deviendra rapidement l’héritage de sa génération comme celles des générations qui suivront après. 

 Les leçons singulières II, Michel Goulet (1991)

Investir dans l’art public rapporte gros et longtemps, mais malheureusement pas assez à ceux dont les intérêts sont à court terme. Désolé pour l’éphémère, mais il est aussi profitable à mes yeux d’investir tout autant collectivement dans la mémoire ou l’art public.

 Oeuvre de Melvin Charney, Place Émélie-Gamelin (1992)

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