mercredi 27 janvier 2010

Le prix d'achat antérieur payé par le vendeur… est-ce utile à savoir?

Il m’est arrivé à quelques reprises, mais rarement quand même, qu’un client me demande le prix payé par le vendeur pour sa propriété. On pourrait penser à tort que cette information est confidentielle, mais elle est publique et disponible sur le site internet du Registre foncier du Québec.

Cette information a sans doute un intérêt anecdotique mais d’aucune façon il s’agit d’une donnée pertinente en immobilier : elle ne permet pas d’établir la valeur d’une propriété et encore moins elle ne sert pour en négocier le prix.

À l'intar des institutions bancaires et des professionnels de l’immobilier qui ne tiennent pas compte de cette information, voici pourquoi monsieur et madame tout le monde devrait accorder peu d’importance au prix d'achat antérieur d'une propriété pour en établir la valeur actuelle.

Avant tout, il est important d’aborder la façon dont est déterminé la veleur marchande d’une propriété. Le prix d’un bien est toujours déterminé en le comparant avec un autre bien et le plus souvent avec un bien comparable. En immobilier, on cherche avant tout à établir le prix d’une propriété en la comparant avec d’autres propriétés vendues dans un passé récent, soit au cours des six derniers mois. Dans un même segment de marché, les caractéristiques de chacune des propriétés peuvent en faire varier le prix. On procédera à des redressements pour ramener chacune des propriétés comparables. On ajustera ainsi le prix de la propriété à évaluer en tenant compte de ses caractéristiques propres et des caractéristiques des autres propriétés dans un même segment de marché. La moyenne des prix obtenue nous permettra à la fin d’obtenir une opinion assez précise de la valeur marchande d’une propriété. Cet exercice demande de l’expérience sur le terrain et il faut avoir visité plusieurs propriétés.

Cette méthode pour évaluer le prix d’une propriété se nomme la technique de parité. Elle est aussi la plus utilisée par les évaluateurs agrées, les banques et les professionnels de l’immobilier. S’il n’existe aucune vente dans un segment de marché permettant l’emploi de cette technique, on utilisera la technique des coûts de construction, soit la dépense à faire pour reconstruire à neuf. Mais comme pour la technique de parité, il faudra avoir fait ces calculs des coûts de construction pour au moins trois propriétés.

Imaginez, trois propriétés, c’est le minimum pour un professionnel de l’immobilier qui a visité des centaines de propriété. D'entrée jeu, lorsque j’accompagne de nouveaux acheteurs pour leur transaction, je dis donc toujours comment il est important de visiter plusieurs propriétés avant d’acheter, surtout s’il s’agit de leur premier achat. Il est en effet plus difficile d’établir le prix d’un bien si on n’a pas de comparables.

Néanmoins, certaines personnes pensent à tort pouvoir utiliser le prix d'achat initial pour établir un comparable. Ces personnes prennent en compte la date d’achat et font un redressement en multipliant le montant payé par le pourcentage d'augmentation des prix jusqu'à aujourd'hui. Premièrement, il faut bien connaître l’évolution des prix dans un quartier et dans un segment de marché donné pour réussir à appliquer avec exactitude le pourcentage de variation des prix du marché. Deuxièmement, même si on réussit cet exercice, il ne s’agira que d’un seul comparable et il nous en faut au moins trois pour bien cerner la valeur marchande d’une propriété selon la technique de parité.

Qui plus est, on ne connaît pas les conditions qui prévalaient au moment de la vente. Quelles étaient les conditions exactes du marché à cette époque ? Quels étaient les motifs personnels de la vente par l’ancien propriétaire ? Quels types de rapports liaient les parties entre elles ? Même si on a la réponse à toutes ces questions, il n’en demeure pas moins qu'il s'agit du passé. Et lorsqu’on cherche à établir le juste prix d’une propriété, on cherche plutôt à connaître les facteurs qui influencent actuellement le marché immobilier. Un acheteur avisé est un acheteur qui sait tirer profit de la connaissance des conditions actuelles du marché.

C’est un lieu commun de dire qu’un vendeur ne voudra jamais laisser aller sa propriété à un prix inférieur au prix marché. Un acheteur voudra voir toutes les propriétés disponibles pour justement connaître ce prix du marché. C’est la seule façon pour lui d’obtenir le meilleur prix pour sa propriété. Le vendeur s’informera aussi de son côté auprès de son agent. En bref, cela est mon travail quotidien d’accompagner dans leur transaction des vendeurs et des acheteurs. À chaque transaction j'applique la même recette: que je représente un acheteur ou un vendeur dans une transaction, je souhaite avant tout que mes clients prennent le pouls des conditions et des prix du marché. Une fois cette étape franchie, on choisira les bons comparables pour travailler (ensemble) afin d'obtenir le meilleur prix pour leur propriété et réussir une transaction immobilière aux meilleures conditions.

Au moment d’écrire ces lignes, une forte demande pour les propriétés dans les quartiers centraux exerce une pression à la hausse sur les prix. Dans ce type marché, un vendeur fera assurément un gain de capital, sans même avoir eu à apporter des améliorations à sa propriété. Seules les conditions du marché détermineront l’importance de ce gain. Un vendeur avisé et un acheteur bien conseillé peuvent tous les deux tirer profit de cette situation. Il faut simplement frapper à la bonne porte pour être bien conseillé.

samedi 16 janvier 2010

"Le marché de la revente à Montréal tire son épingle du jeu en 2009

"Après avoir enregistré une baisse d'activité au cours des quatre premiers mois de l'année, le marché immobilier a repris de la vigueur dans la région de Montréal pour terminer l'année en territoire positif", nous indique Michel BEAUSÉJOUR, chef de la direction de la Chambre immobilière du grand Montréal (CIGM).

L'année immobilière 2009 a été surprenante voire même déconcertante pour plusieurs d'entre nous : agents, acheteurs et vendeurs. J'ai répété la même phrase à tous mes nouveaux clients l'année dernière: "on ne peut rien prévoir, car aucune tendance habituelle ne tient". Mois après mois, les compilations de la CIGM me donnaient raison. Alors que normalement près des deux tiers des propriétés changent de main au cours ses six premiers mois d'une nouvelle année, seulement 35% des transactions ont été réalisées pendant cette période en 2009. Lorsque M. BEAUSÉJOUR utilise le mot "vigueur" pour qualifier la deuxième moitié de l'année, c'est en fait tout un renversement : une tendance inhabituelle. Deux tiers des transactions l'année passée ont été réalisées au cours des derniers six mois. Qui plus est, ce changement de cap a même permis de finir l'année avec une augmentation de 3% du nombre des transactions par rapport à 2008. Avec près de 42 000 transactions réalisées par l'intermédiaire d'un agent, c'est la deuxième meilleure année de toute l'histoire de la CIGM.



Le marché immobilier vogue au rythme des anticipations et de la confiance des consommateurs. Cette confiance s'est effondrée à la fin de 2008 et au début de 2009. Beaucoup d'acheteurs anticipaient une baisse des prix des maisons. Ne sachant pas comment notre économie allait passer au travers de la crise financière qui sévissait surtout aux États-Unis, ces acheteurs ont décidé d'attendre pour voir ce qui allait arriver.

En dépit d'une baisse des transactions au cours des quatre premier mois de l'année, le prix des maisons dans la grande région de Montréal a tenu bon. Le point tournant du marché immobilier montréalais a eu lieu en mai 2009. Les acheteurs qui avaient reporté leur décision d'acheter sont réapparus.

Si les acheteurs ont été 3% plus nombreux, le nombre de propriétés à vendre n'a augmenté que de 1% durant toute l'année 2009. En terme économique, cela signifie que la demande a été plus élevée que l'offre, créant ainsi une pression à la hausse sur les prix des maisons. En 2009, le prix des unifamiliales s'est accru de 4%, tandis que la copropriété et les plex suivent de près avec une augmentation de 3%.

À la lumière de ces chiffres et pour la majorité d'entre nous qui ne sommes pas des spéculateurs, voici maintenant mes vœux immobiliers en 2010; je souhaite une année immobilière revenant à la normale et des prix augmentant lentement et sûrement au-dessus d'une inflation contrôlée. À long terme, il est plus profitable pour tout le monde que le prix des propriétés augmente de façon régulière et constante. Une trop forte augmentation des prix est plus à risque de provoquer une bulle immobilière si elle ne s'accompagne pas d'une hausse correspondante du revenu des ménages.

Même si la probalité d'une bulle immobilière est moins élévée à Montréal que dans des marchés comme Toronto, Calgary ou Vancouver, les répercussionns d'un dégonflement dans ces villes aura probablement plus d'impact sur nous que la récente crise immobilière aux États-Unis. Parce que nous partageons le même système bancaire et sommes assujettis aux mêmes politiques de la Banque du Canada, l'impact d'une hausse brutale des taux d'intérêts va refroidir beaucoup d'intentions d'acheter.

Que ce soit pour les vendeurs ou pour les acheteurs, il faut ainsi souhaiter davantage de propriétés à vendre en 2010. Aux personnes qui songent à vendre, je conseille de profitez maintenant des gains de la dernière année, voire même de la dernière décennie, mais n'attendez surtout pas que les taux d'intérêts hypothécaires se mettent à grimper. Enfin, plus de propriétés à vendre, c'est aussi une bonne nouvelle pour les acheteurs et pour une saine augmentation des prix en 2010.

Bonne année immobilière !

Mon premier regard fasciné sur Montréal

Aussi loin que je puisse me souvenir, j'ai toujours été fasciné par Montréal. J'aime me rappeler la première fois que j'ai regardé ou plutôt imaginé la « grande ville ». J'avais à peine 5 ans. Mon père était propriétaire d'une épicerie de quartier à Longueuil. À cette époque, les commerces fermaient le dimanche et mon père en profitait l'été pour emmener toute la famille en promenade dans l'Econoline Ford de livraison. Nous allions la plupart du temps dans la proche campagne montérégienne ou sur une plage du lac Champlain aux États-Unis.

Un dimanche, Papa décide de nous emmener en « ville ». Assis sur une caisse de lait renversée entre Papa et Maman, je me souviens encore très bien aujourd'hui des sentiments qui m'envahissaient à la vue de Montréal en roulant sur le pont Jacques-Cartier. D'abord, comme j'étais déjà fébrile à l'idée de cette promenade dominicale inhabituelle, j'ai eu peur dès la vue du pont dont l'inclinaison des tabliers me donnait l'impression qu'ils tombaient dans le fleuve.



Ensuite, j'ai ressentie une excitation de pouvoir découvrir quelque chose d'inconnue, une sorte de forêt enchantée, en béton, remplie de constructions très hautes. Du haut de mes deux pommes, pour mieux voir l'immensité de ce paysage bâti, je me souviens encore de m'être levé de la caisse de lait et de m'être fortement agrippé à la boîte du moteur de l'Econoline. J'ai demandé : « Papa, pourquoi c'est construit comme ça, si haut et si tassé ? C'est parce qu'il y a beaucoup de monde », m'a-t-il répondu. Aujourd'hui, je sais que lorsque mon père dit « beaucoup de monde », c'est sa façon à lui de dire «trop de monde». C'était donc pour lui un aspect négatif de la « ville ».

Dans ma tête d'enfant, la densité de Montréal était plutôt un mystère, l'origine de mon attrait pour la ville. Dès ce moment, j'ai pensé que si la grande ville attire tant de personnes, c'est qu'elle était probablement assez fascinante. Savoir, comprendre et expliquer cet attrait fût ma principale motivation de faire des études en économie et en urbanisme à l'université. Aujourd'hui encore, j'aime dire que si le prix des maisons est plus élevé sur l'Île de Montréal que dans la couronne, c'est que la « grande ville » doit bien avoir plusieurs attraits.

Ce souvenir d'avoir ouvert très grand et très rond les yeux pour regarder LA ville restera à jamais imprégné dans ma mémoire. Ce regard fasciné sur Montréal se répète à chaque fois que j'emprunte les ponts qui ceinturent l'île, mais aussi en la regardant du hublot de l'avion au retour de vacances.

L'immobilier, notre histoire !

À la signature de l'acte de vente chez le notaire, plusieurs de mes clients sont étonnés de recevoir une pile de vieux titres de propriété. Juridiquement, ces titres ne suivent pas les propriétaires mais font parties intégrantes de l'immeuble que l'on achète. Ils sont transmis d'un propriétaire à l'autre et à chaque vente, un nouveau titre s'additionne à la pile.

En décembre 2005, entre Noël et le jour de l'an, je m'amuse à examiner les vieux titres de mon triplex sur la rue Chabot dans la Petite-Patrie. J'ai devant moi l'histoire d'une maison ou plutôt une liste des propriétaires depuis l'achat du terrain en 1913 par un menuisier, Philippe Lachance (les noms de famille ont été volontairement modifiés, parce qu'ils sont accessoires dans le propos). Il a acheté le terrain pour la somme de 225$ à la THE ROSS REALTY COMPANY LIMITED, appartenant à James Ross riche financier et ingénieur de Montréal. Ce dernier vivait sur la rue Peel dans une résidence bourgeoise qu'il avait fait construire par l'architecte américain Bruce Price.



La pile sur mon bureau comprend des actes de vente et aussi de vieux testaments faisant acte de transmission des droits de propriété sur l'immeuble. Plus je lis les premiers documents écrits à la main, plus je veux en savoir davantage sur ces gens qui y habitaient. Je me mets à lire et classer les titres de façon chronologique. Surprise, j'ai devant moi tous les actes jusqu'à aujourd'hui, ce qui me permet de constater que l'immeuble a appartenu à cette même famille Lachance pendant plus de 60 ans. Ce triplex prend tout d'un coup encore plus d'importance à mes yeux. Je me dis qu'à l'intérieur de ces murs, l'histoire d'une famille s'est passée sur plusieurs générations.

Les titres de propriété et les actes permettent de dessiner l'arbre généalogique de cette famille à partir de Philippe Lachance. Celui-ci a eu un fils qui se nomme Raoul. Là, il me vient à l'esprit de vouloir parler à un descendant pour connaître davantage cette famille à travers l'historique de propriétés de cette maison. Je pense immédiatement à l'internet. J'ouvre Google et j'écris L-a-c-h-a-n-c-e. Je tombe sur le site des Lachance en Amérique du Nord. J'aperçois une note et l'adresse de courriel d'une femme qui parle d'un dénommé Raoul de Montréal. J'écris à cette femme et lui demande si elle connaît des descendants de Raoul Lachance qui habitait sur la rue Chabot à Montréal. Il est trois heures du matin. J'arrête ici mes recherches, mais je n'arrive pas à dormir et je ne cesse d'imaginer la vie de cette famille dans cette maison.

Quelques heures plus tard, j'ouvre ma boîte de courriel. Incroyable! J'ai une réponse à mon courriel de la femme qui me parle d'une tante vivante, Louisette la fille de Raoul. Cette femme m'écrit qu'elle a été touchée par mon intérêt puisqu'elle n'avait que de bons souvenirs d'enfance dans cette maison, notamment le bonheur qui y régnait lors des rencontres familiales du temps des fêtes. Elle m'invite à transmettre mes coordonnés téléphoniques qu'elle fera suivent à sa tante Louisette.

Dans la même journée, je reçois un appel de Louisette, fille de Raoul Lachance. Je suis étonné et en même temps emballé d'avoir au bout du fil la clé d'une histoire qui me passionne totalement. Nous avons parlé pendant au moins une heure. Louisette Lachance est née dans le logement principal du rez-de-chaussée et s'y est mariée à l'âge de 23 ans. Son père, Raoul, est menuisier tout comme son grand-père, Philippe, avec qui il construit le triplex. Ils construisent d'abord une petite maison de trois pièces en fond de cour. Cette petite maison sert d'atelier aux deux menuisiers tout en abritant un commerce de type dépanneur. La construction du triplex sur deux étages s'étend sur plusieurs années. La famille de Philippe Lachance déménage finalement au rez-de-chaussée du nouveau triplex durant l'année 1925.

Louisette Lachance me raconte que son père Raoul et son grand-père Philippe prennent grand soin de leur maison. Ils parlent avec fierté des rosaces installées au plafond du salon mais, peu fortunés, les planchers sont en bois franc que le long des murs. Au centre des pièces, les planchers sont en pin et le revêtus de tuiles en linoléum ou de tapis.

Raoul épouse Exilda Lapierre. Au début de leur mariage, ils occupent une des deux pièces double parallèle. Ils ont six enfants, dont Louisette, tous nés au rez-de-chaussée du triplex. À une certaine époque, il y a eu jusqu'à huit personnes vivant au rez-de-chaussée. Dans la partie arrière d'une des pièces double, c'était la chambre des filles. Le salon avec ses rosaces est à l'avant de l'autre pièce double et les grands-parents occupaient la partie arrière. Les garçons couchaient dans une autre pièce à l'arrière de la maison, attenante à la cuisine.

J'aurais beaucoup à raconter sur l'histoire de cette maison et de cette famille. Un document mérite enfin une dernière observation. Parmi les titres en ma possession, il y a un testament d'Évelina Leclair daté du 9 juin 1933. Elle y lègue à son époux Philippe Lachance sa part indivise de l'immeuble. Le testament est fait et signé au rez-de-chaussée du triplex. J'arrive à la conclusion qu'Évelina Leclair était probablement très malade, puisqu'elle décède 3 semaines plus tard le 9 juin 1933, selon une déclaration de transmission de sa part indivise. Philippe Lachance, le grand-père, décède le 30 octobre 1943, sans testament. Il laisse pour seuls et uniques héritiers ses quatre enfants dont Raoul Lachance.

Les titres de propriété nous apprennent beaucoup sur les gens qui ont vécu dans nos maisons. L'histoire de cette famille vivant dans ce triplex de la rue Chabot prend fin le 4 mai 1974, alors que Raoul Lachance vend le triplex familial pour une somme de quinze mille dollars. Dans ces maisons que nous habitons, il y a une belle histoire : la construction d'un héritage, des naissances, des mariages et des décès. L'immobilier, c'est notre histoire . . . prenez grand soin des anciens titres de votre propriété !